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Wonder, mai 68
Un film nécessaire et suffisant.
Ça fait dix minutes, et tout y est.
La chance du documentariste, de s’être trouvé là, où a lieu ce qui a rarement lieu.
La demi-chance, parce qu’il fallait y être. S’éloigner un peu de la Sorbonne, voire de Nanterre, pour se poser devant l’usine Wonder, un jour de l’an de grace 1968.
Pour prolonger cette petite joie, on retrouve la voix de cette femme, par intermittences, dans T’as pas fini de m’entendre parler.
44 Commentaires
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Réponse à François Begaudeau
Non. Il n’y a pas eu de concertation formelle. Mais, comment dire, …
Je vous répondrai lorsque j’aurai reçu un exemplaire de la BD WONDER (vous en êtes bien l’auteur ?) dédicacé avec le rappel de l’emprunt des dialogues du film, que vous n’avez jamais remboursé.
Bonne fin de semaine
Votre insistance sur les droits devient pénible.
C’est du fric que vous venez chercher ici?
Vous voulez combien pour les 3 phrases que j’ai empruntées au film, par hommage?
Bravo pour votre belle éthique ouvrière.
En « emprunt » ne se « rembourse » pas nécessairement avec du « fric » comme vous dites.
Et je n’ai pas à prouver mon « éthique ouvrière », puisque je ne suis ni ouvrier, ni … quoi ?
Certainement pas trotskiste, ni gauchiste, … ni de droite, soyons clair, mais un cinéaste qui réalisait un film qui aurait pu être notable, s’il n’avait pas été détruit par le vide.
Détruit par des gens (OCI ou JRC je ne saurai jamais) qui m’ont découvert intellectuellement (pas politiquement, je refuse tout partisianisme)… donc, m’ont découvert plus à gauche qu’eux. Comme en Russie, il y a un siècle. On connait la suite. C’est toujours la même.
Le remboursement ? Vous pouviez par exemple rédiger en préface un vrai hommage. Quelques mots auraient suffit. Dire que le film vous a inspiré cette BD et que les trois auteurs vous ont donné l’autorisation d’en emprunter les dialogues. Bénévolement bien entendu.
Puisque vous parlez d’ « éthique », qu’en est-il de l’ « éthique des cinéastes », dont vous êtes je crois ? Vos trois mots lamentables confirment ce que je savais de vous : vous ressemblez à vos mots.
Puis arrêtez de me tutoyer : « on n’a pas gardé, etc. ». Disons plutôt « on n’a pas refait (ou tenté de refaire) le monde ensemble à notre avantage, comme 90 % des gauchistes ».
Quelle aigreur.
Soignez vous bien.
Petit. Tout petit. Les mots comme l’homme.
J’ai bien noté
Merci pour la leçon
Je vais me corriger
Réponse à François Begaudeau
Non. Il n’y a pas eu de concertation formelle. Mais, comment dire, …
Je vous répondrai lorsque j’aurai reçu un exemplaire de la BD WONDER (vous en êtes bien l’auteur ?) dédicacé avec le rappel de l’emprunt des dialogues du film, que vous n’avez jamais remboursé.
Bonne fin de semaine
Sont sympas chez Wonder de traiter les grêvistes de putains: 6’10 !
Le dialogue a continué. Lisez c’est consternant.
Attention Jacques est fâché, alors Jacques contre-attaque
On tremble.
sacrement édifiant sur la place de la parole des travailleurs ,(ici femmes en plus: un handicap supplémentaire!)face aux syndicats qui carrément lui disent « chut » autrement dit tais toi calme toi, hystérique!on y va par étapes l important c’est la force du syndicat !
écœurant!
Le dialogue a continué. Lisez c’est consternant.
d’autres voix
http://www.rfpp.net/IMG/mp3/LaGrevedeschomeurs3mai2010-31mn.mp3
Le dialogue a continué. Lisez c’est consternant.
J’avais suivi ce dossier là après la bataille, y’aurait eu des trucs à dire aussi.
http://grainsdencre.blogspot.fr/2012/03/les-guerrieres-dalbertville.html
le femme c’est le sosie de ma collègue Yvette 58 ans : grande brune belle le verbe haut pas sa langue dans sa poche femme du peuple femme populaire combative de caractère autant de larmes que de cris et vice-versa
je l’ai déjà vu cette femme, elle est dans le bureau d’à côté
Oui le paternalisme crève l’écran. D’ailleurs à un moment la caméra s’éloigne de cette femme, la laisse, se tourne vers les hommes, et on a tout de suite envie de dire non non, reste sur elle, c’est elle qu’il faut filmer. Je n’ai pas vu le film de Leroux, je vais le faire mais cet extrait est déjà énorme en soi.
On préfèrerait que la cam reste sur elle et, en même temps, qu’on ne voie plus son visage que par intermittence, qu’on n’entende plus que sa voix gouailleuse, résignée et résistante jusqu’à la porte d’entrée de l’usine, ça traduit superbement le mouvement d’une grève qui s’éteint.
Et cette voix, putain, ces mots qui éclatent en bouche, c’est vachement émouvant. Tellement plus séduisant et sincère que les syndicalistes-paternalistes qui utilisent les mêmes codes linguistiques (lesquels sont toujours les mêmes en 2013 d’ailleurs, les boules).
Quelqu’un sait où on peut trouver Résiste sur le net?
@Mina: Pas trouver à télécharger Reprise mais il y a beaucoup de renseignement sur le site de david dufresne http://www.davduf.net/reprise-un-film-d-herve-le-roux
Les syndicalistes n’ont pas beaucoup changé et aujourd’hui la télévision ne montre aucun salarié insolemment content d’empocher la prime pour se barrer de l’usine. Les ouvriers pleurent en direct et en continue sur les chaine d’info leur emploi perdu délocalisé.
@Acratie: oui merci, j’étais tombée sur ce lien aussi, mais ce qui m’intéresse c’est de le voir surtout. Peut-être que le maitre du web va le trouver…
« Les syndicalistes n’ont pas beaucoup changé et aujourd’hui la télévision ne montre aucun salarié insolemment content d’empocher la prime pour se barrer de l’usine. Les ouvriers pleurent en direct et en continue sur les chaine d’info leur emploi perdu délocalisé. »
C’était pas le cas de la salariée de Gad. Avec son verbe et son regard, ce regard de tueuse putain, on avait l’impression qu’elle allait bouffer l’élue. C’était pas le cas non plus dans Entre nos mains, le dock qui raconte comment des couturières ont transformé leur usine sur le point de fermer en coopérative.
M’enfin c’est sûr que c’est pas ces exemples qui envahissent les chaines d’info.
@Mina: Tu as raison, les salariés qui reprennent les boites en coop, c’est pas rare, mais pas très popularisé. « Entre nos mains « c’est bien le doc de Mariana Otéro ? qui avait aussi fait « La loi du collège » je crois ?
Acratie : oui, c’est bien de M. Otero.
@Mina: Le film n’est pas libre de droit. On le trouve à 25€ aux éditions Montparnasse (http://www.editionsmontparnasse.fr/presse/titres/regards/reprise.php) Et dans les bonnes médiathèques peut-être ?
Bon ben je le commanderai au père noël.
Merci maître du web.
Resiste on le trouve là :
http://www.dailymotion.com/video/x1t9vg_france-gall-resiste_music
mais si c’est reprise que tu veux, je ne sais pas
ahahah! J’ai joué à Motus avec Thierry Beccaro hier soir, pour ça que je confonds les mots.
Le dialogue a continué. Lisez c’est consternant.
Oui c’ est vraiment intéressant cette petite séquence. Je pense que je vais la regarder plusieurs fois (là ça fait deux).
L’enrobage paternaliste des représentants syndicaux saute aux yeux.
Parce que l’ouvrière est une femme ? Ou parce que c’ est une ouvrière du plus bas échelon, les mains dans les déchets ? Je pose la question.
En tous les cas le but est de lui faire lâcher le morceau.
Lorsque le jeune homme intervient la discussion est plus rude, plus frontale comme si le syndicaliste se sentait alors d’égal à égal.
Parce que c’ est un homme ou parce qu’il est dans une analyse de la situation plutôt que dans les faits ? Parce que l’échange est intellectualisé ?
Le mec se retourne et sourit, position défensive. Il préfère garder son statut qu’il croit intellectuellement supérieur. Il pense en savoir plus parce qu’il a accès à une autre sphère.
Je trouve que cela met plutôt en valeur la fonction de ceux qui négocient avec les patrons. Sont-ils vraiment loyaux envers les ouvriers ces bolcheviks ?
A noter, du côté des patrons : pression sur les ouvriers nord-africains pour influencer la reprise du travail.
Un classique.
Hier soir, après le boulot, je suis resté longuement dehors à discuter avec une collègue syndiquée.
Elle m’ a raconté qu’elle avait provoqué une réunion syndicale avec d’autres collègues pour faire le point sur une forme d’abus de pouvoir de notre supérieure hiérarchique.
Elle y a observé un positionnement très particulier de nos collègues représentants syndicaux : ils prenaient la défense de notre supérieure hiérarchique. N’entendaient rien de la réalité de l’ abus de pouvoir mis en valeur dans le récit des faits.
Juste, ça fait un peu peur.
@anne-laure: Il me semble que le syndicaliste est assez emmerdé par l’intervention du jeune homme. Sans doute estime-t-il, comme tu dis, qu’il a affaire à un interlocuteur plus dangereux, « plus qualifié » que la jeune femme. C’est pourquoi il essaie de le délégitimer en lui disant qu’il ne sait pas de quoi il parle puisqu’il ne bosse pas chez Wonder. Et le jeune — de façon assez humble, je trouve — met en avant ce que lui ont raconté les ouvriers et ce que vient de dire la femme pour essayer de pousser son propos. Si tu vois le film de Leroux, tu verras que l’enquête qu’il mène sanctionne finalement (et tristement) ce qu’on voit dans cette séquence : une parole qu’on nie et qui s’éteint, une autre qui résiste, malgré tout.
Avec mes yeux de triste spécialiste de l’archipel d’extreme-gauche, je peux indiquer que le débat entre les deux hommes est typique de la guerre très tendue que se livrent alors les communistes orthodoxes (PC, CGT) et les gauchistes, eux-mêmes divisés en trotskystes et maoistes, ces derniers ayant promu alors ce qu’on appelait le spontanéisme (on les appelle aussi les Mao-Spontex), opposé aux « révisionnistes » du PC qui avait accouché d’une sorte d’aristocratie ouvrière qui controlait les masses (le dénouement de 68 en étant le meilleur faits d’arme, qui voit les gaullistes et le PC s’entendre pour achever un mouvement qui commence à dépasser tout le monde, y compris le PC paternaliste et connement ouvrieriste. D’où le célèbre « il faut savoir arreter une grève » de Séguy, secrétaire national de la CGT à l’époque. Mot d’ordre que réfutent les maos-spontex, au nom du désir massif de continuer la grève, et de « ne pas rentrer dans cette tole »). Le jeune homme est de toute évidence un spontex, et c’est à ce titre qu’il se situe du coté de la fille, même si en dernière instance il la prend un peu de haut aussi (mais tellement moins)
Tout cela n’est pas utile pour saisir la puissance de ce film, mais j’indique tout ça au cas où ça intéresserait quelqu’un. Si, une utilité : une preuve en images que la gauche de gauche est une constellation complexe et striée de lignes de front très nettes entre des sensibilités radicalement incompatibles.
@François Bégaudeau: Je suis loin de maîtriser mon extrême gauche en 68 sur le bout des doigts, même si, à force de voir des films et des documents sur l’époque, j’ai à peu près saisi les conflits qui se jouent entre le PC (et la CGT) et les mouvements émergents. Ce que je trouve assez sympathique chez le jeune homme de la séquence, c’est qu’on sent le maoïste débutant, qui ne domine pas encore la rhétorique du mouvement. Il n’est pas encore sentencieux, il hésite, il bute un peu sur les mots, et surtout il éprouve le besoin de valider son discours par « le réel » dont témoigne l’ouvrière. Bref, il ne me semble pas encore grisé par sa propre parole, comme le sont tant d’autres intervenants qu’on peut voir dans d’autres documents de l’époque. En revoyant cette séquence, alors que j’ai moi-même un peu de travail et de syndicalisme dans les pattes (mais sans l’éloquence ad hoc), la manière dont se distribue la parole et dont chacun use du discours avec plus ou moins d’agilité me saute aux yeux, comme un révélateur des rapports de forces à l’œuvre. Et je constate que le réalisateur du film oublie, hélas, la fille et se laisse séduire par l’affrontement verbal entre les deux hommes, au final les gagnants de l’Histoire.
Oui, on peut supposer que les réals étaient plus portés sur la politique, sport des pères, que sur l’émancipation, jeu des frères.
Pauline
Cete fois-ci, ce n’est pas une question, mais une information.
Le « réalisateur » avait pris la décision de laisser à la file la direction du film. Finalement, c’est elle la réalisatrice.
Son verbe est sa « baguette ». Son verbe est créateur. Et Pierre, le cadreur, joue de sa caméra comme un musicien d’un instrument au sein d’un orchestre. Il suit la mesure.
Il n’est pas utile de braquer en permanence la caméra sur elle, puisqu’on entend bien qu’elle écoute ce que disent les hommes autour d’elle ; ne leur répond-elle pas en contrepoint?
Pauline est sans doute loin (ici des gens passent puis s’en vont), mais tu dis des choses que j’ignorais.
La fille et le réalisateur ont donc une sorte de pré-concertation?
J’étais à Rennes pour présenter « L’autre mai », un autre film qui parle de Mai 68 d’une autre manière.
On m’a fait cadeau de « Wonder », pas le film, la BD. Votre BD.
Je ne savais pas qui vous étiez, alors les organisateurs de la séance m’ont transmis le lien vers ce Blog. Bien. Il y a très peu de n’importe quoi. C’est rare pour un blog.
Mais j’ai d’autres remarques à faire, … sur d’autres commentaires.
bonjour,
Merci pour cette séquence. Je me souviens d’un film vraiment bien – en tout cas, qui m’avait beaucoup plu quand je l’ai vu -, sorti en 95-96, inspiré par cette séquence de refus. Ca s’appelle « Reprise ». Le réalisateur (Hervé Leroux, si ma mémoire est bonne) a enquêté pour essayer de savoir qui était cette jeune femme, et ce qu’elle était devenue. Tout le film est construit autour de cette quête, dont je ne vous livre pas l’issue, mais chemin faisant Leroux interroge les anciens de Wonder, et ce qu’ils racontent de l’univers du travail, de sa hiérarchie, de son organisation, est passionnant. En l’occurrence, ce qui me frappe en revoyant la séquence, c’est le paternalisme mielleux des deux syndicalistes, chapitrant gentiment la réfractaire. Quand j’ai vu « Reprise » en 95, ça m’était un peu passé au-dessus de la tête. Aujourd’hui, je trouve ça terrible.
Je ne connais ce film que grace à ce Reprise. Sans doute le paternalisme ne m’avait pas complètement échappé à l’époque, mais je suis comme toi : maintenant il crève l’écran, terrible, insupportable, et c’est vraiment le prix inestimable de cette séquence : des hommes autour d’une femme.
Pauline,
Ce qui est terrible, aussi, et qui n’est jamais dit, c’est que … mais revoyez le générique de « La reprise du travail aux usines Wonder »
Voici la version implantée sur ce blog sans acordpérable
https://www.youtube.com/watch?time_continue=32&v=ht1RkTMY0h4&feature=emb_logo
Pour le plaisir voir le film en HD
https://vimeo.com/276085191
version bancale partie, comme ça, désolé.
Pauline
Si vous regardez le générique du film sur YouTube
https://www.youtube.com/watch?time_continue=32&v=ht1RkTMY0h4&feature=emb_logo
(celui qui figure en haut sur cette page, sans autorisation))
vous constatez que les éléments de « Sauve qui peut Trotski » ont « disparu » dans la nuit du 14 juillet 1968.
Comment disparu ? Vous avez une idée du qui, quoi, quand, comment ?
Si vous répondez, je vous donnerai la réponse.
Pour vous remerciez d’avance, voici la dernière version de « Wonder », restaurée en HD pour ses 50 piges
https://vimeo.com/276085191
Bonne idée de mettre ce film en ligne, merci. Jacques Willemont et Mathieu Maury (un ami proche) ont sorti en 2008 un film sur 68 à Nantes mais je ne crois pas qu’il soit en ligne.
http://lautremai.vefblog.net/
@Acratie: je voulais insérer mon lien ici, pas au début de la discussion, je suis toujours aussi quiche avec les interfaces.
« L’autre mai, mai 68 » est en ligne depuis longtemps
Pour mettre l’eau à la bouche : 3 mm
https://vimeo.com/139403376
Pour ceux qui savent prendre leur temps : 55 minutes
https://vimeo.com/173189031