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Nantes

Entretien réalisé pour Presse Océan, quotidien nantais, en 2010

Galle Bantegnie
Dans la fournée 89 de l’hypokhagne de Guist’hau s’est très vite formée une espèce de bande de rigolos, qui allait peu après se configurer en groupe de punk-rock, puis dix ans plus tard en collectif de cinéma. Gaelle faisait partie des rigolos. Je dirais même qu’elle était une fabrique de drôlerie à elle toute seule. Et très fine, avec ça. D’une honnêteté intellectuelle inégalable, ça je l’ai notée tout de suite. En vingt ans on a accumulé des milliers d’heures de discussion tous les deux. Si bien qu’on a évolué ensemble, politiquement et artistiquement. Ça peut paraître effrayant, mais on n’est pas loin d’être d’accord sur tout. On respire de la même façon. Lisant la première version de France 80, l’adhésion a été immédiate, musicale, physique. Je pourrais aussi signer des trois mains ce qu’elle dit en interview depuis un mois que le roman est sorti.

theatre graslin nantes licence cc by mktp

Un souvenir marquant

J’ai vécu à Nantes de 77 à 97. Ce n’est pas les souvenirs qui manquent. Le plus fort reste peut-être les samedis soirs en groupe sur les marches du théâtre Graslin, l’année de terminale, chacun armé d’une

petite bouteille de whisky achetée dans un magasin de nuit qui s’appelait Bonjour bonsoir. On était un peu les pionniers des apéros géants, sauf que c’était des apéros à 6.

Un événement
C’est compliqué, cette notion d’événement. Il n’y a pas beaucoup de faits de vie qui méritent ce nom. A moins de s’adosser à ce qui, du point de vue général, a fait événement : les grèves étudiantes de 86, celles de 94. Ou alors, entre le général et le particulier, la rétrospective Godard que le collectif avait organisée au Cinématographe en février 2003. Grand moment festif et pointu.

Une scène
Pas loin de l’Olympic il y avait un café concert, le Troquet. C’est là que les Zabriskie ont fait leurs classes. Une dizaine de concerts en deux ans, en 93-4. C’était le bon format. On a par la suite rarement retrouvé cette électricité dans les grandes salles. C’était le punk-rock dans sa matrice bordélique, crasseuse, amateure, joyeuse.

Une librairie
Je pourrais bien sur parler de Vent d’Ouest où j’achetais les livres du programme de lettres. Mais pour être franc je ne fréquentais pas de librairie. Honte à moi.

La ville
Je ne suis pas vraiment porté sur le chauvinisme. Nantes n’a d’exceptionnel pour moi que d’avoir été la ville où j’ai grandi. Je n’y suis même pas né, puisque j’ai passé mes si premières années en Vendée. Ce qui fait que j’étais vendéen à Nantes et qu’en Vendée on m’appelait le Nantais, comme je l’évoque dans mon prochain roman qui se passe en 86 près de la Faute sur mer.
Il y a quand même une hypothèse que je tenterais pour caractériser Nantes et son charme, c’est que justement la ville ne passe pas son temps à se proclamer caractéristique – à l’inverse de certaines que chacun reconnaitra. De fait c’est la ville modérée par excellence. Douce et neutre. Bref son identité serait de n’en pas avoir, ce qui me semble un très bon programme.

Un commentaire

  1. Au détour d’un clic, on découvre encore un entretien ou un article qu’on ne connaissait pas. C’est très plaisant.

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